Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lavane Murphy
Lavane Murphy
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 137 587
Catégories
15 juillet 2015

Côte d’Ivoire : "Dégager l’imposteur, telle doit être notre priorité aujourd’hui"

3b04478e

Un jour, le diable se rend dans un restaurant pour dîner avec un de ses nouveaux adeptes à qui l’on attribuera le sobriquet “Petit Gougnon” (PG). 15 minutes après que les deux se sont installés dans un coin sombre du restaurant, le diable appelle un des serveurs et lui commande du placali et de la dinde. Pour ceux qui ne le sauraient pas, le diable a toujours aimé le dindon, pas pour lui-même mais pour ses invités de marque comme PG, probablement parce qu’il ne veut pas être le dindon de la farce. PG réclama un seau d’eau afin de laver ses mains car il n’avait pas l’intention d’utiliser une fourchette ou une cuillère. Et pourtant, son grand-père lui avait toujours dit que “celui qui veut manger avec le diable doit avoir une longue cuillère”. Le dindon et le placali consommés, PG pose la question suivante: “Ato, qu’est-ce que nous mangerons au dessert?” Le diable lui répond: “Mon petit, je n’ai pas prévu d’autre dessert que toi-même; autrement dit, c’est par toi que nous terminerons ce copieux repas” À peine, le collabo du diable voulut-il protester que trois loubards, sortis d’on ne sait où, se saisirent de lui, l’égorgèrent comme les rebelles de Dramane égorgèrent certains gendarmes loyalistes au nez et à la barde des soldats français. Le diable et ses acolytes burent ensuite le sang de PG car, dans cette confrérie, il paraît que le sang humain rend puissants ceux qui le boivent.
Cette histoire, que je me suis permis de modifier légèrement, m’a été racontée il y a quelques jours. L’un des enseignements que l’ont peut en tirer, c’est que le diable finit par s’en prendre à ceux qui lui ont vendu leur âme. Parce qu’il est sans état d’âme, parce qu’il est sans pitié, il est capable de manger ses propres enfants et pas seulement ceux des autres. À quel moment le fait-il? Quand le diable se retourne-t-il contre ses propres “amis”? Quand les déchoit-il? Lorsque ceux-ci le déçoivent, c’est-à-dire lorsqu’ils refusent de se soumettre à lui. Début février 2015, Francis Wodié cessa de présider le Conseil constitutionnel parce qu’il se serait opposé à la modification de l’article 35 de la Constitution ivoirienne qui stipule que tout candidat à la présidentielle doit être ivoirien et de parents eux-mêmes ivoiriens et n’avoir jamais eu d’autre nationalité que l’ivoirienne. Tiburce Koffi fut débarqué de la direction de l’Insaac pour avoir vu dans l’appel de Daoukro une “invitation à la tricherie” et, donc, pour avoir refusé de “faire allégeance aux princes Ouattara et Konan”. Charles Konan Banny fut traîné dans la boue, fut accusé par des partisans de Dramane d’avoir détourné les 16 milliards de la CDVR, uniquement pour avoir dit “non” à Bédié pour qui seul Dramane est à même de représenter le PDCI au scrutin présidentiel de 2015, si scrutin il y a. Innocent Anaky Kobenan fut évincé de son propre parti et remplacé par l’illustre inconnu Anzoumana Moutayé en avril 2015 pour avoir boycotté l’appel de Daoukro. La chambre de KKB fut visitée plus d’une fois par des inconnus, le député de Port-Bouët est considéré par les journaux pro-RHDP comme un traître parce qu’il a jugé anormal que le PDCI ne soit pas présent aux prochaines joutes électorales. Disgrâce, humiliation, intimidations, dénigrement, insultes et injures: voilà ce qui attend tous ceux qui, à un moment donné, osent tenir tête à Dramane, n’acceptent pas de faire sa volonté ou de se soumettre à lui. Pourtant, la soumission est la marque de fabrique de Dramane qui n’a jamais respecté une seule loi ivoirienne puisqu’il est toujours le président du RDR, n’a pas déclaré ses biens avant de commencer le travail pour lequel Sarkozy et l’ONU l’ont installé en 2011 à la tête de notre pays, préfère le gré à gré à la transparence dans l’attribution des marchés et contrats publics.
Quant à Lobognon et IB, la raison pour laquelle ils ont été “mangés” est différente. Ce n’est pas une quelconque rébellion contre le patron qui leur est reprochée. Le premier paie sa mauvaise gestion des primes du Onze national après sa victoire à la CAN. Autrement dit, Lobognon fut viré pour détournement de fonds ne lui étant pas destinés. Le second, lui, aurait été éliminé pour avoir voulu être calife à la place du calife. Si ses adversaires reconnaissent que le rôle de son commando invisible fut décisif dans la bataille d’Abidjan, ils ont, en revanche, du mal à accepter qu’un illettré comme IB ait pensé pouvoir gouverner la Côte d’Ivoire. En d’autres termes, ce sont les ambitions démesurées d’Ibrahim Coulibaly qui l’auraient perdu. Ce qu’il convient de retenir ici, c’est que Lobognon et IB ont connu le sort que chacun sait parce qu’ils ne faisaient plus l’affaire de Dramane Ouattara. Sans doute le premier l’a-t-il compris et a-t-il voulu se venger en déclarant, le 19 juin 2015, ceci: “Quand on est inéligible, on ne se mêle pas des affaires politiques d’un pays dont on n’est pas citoyen.” L’auteur du tweet a beau jurer sur la tombe de ses ancêtres qu’il n’a pas dit une chose pareille, les Ivoiriens ne sont pas dupes. Pour eux, le sieur Lobognon n’est pas aussi courageux que Banny qui nous a appris, via “Jeune Afrique”, hebdomadaire dans lequel Dramane et son épouse seraient actionnaires, que Dramane Ouattara “conçoit l’amitié en termes de soumission et non en termes de relation fraternelle”, qu’il n’a pas rompu avec “les pratiques d’un autre âge” et que “les libertés publiques ne sont pas une préoccupation pour lui” (cf. “Jeune Afrique” du 15 juin 2015).
Si IB n’avait pas été tué, aurait-il eu le courage d’affirmer comme Banny que Dramane n’est plus son-ami? Aurait-il fait des révélations sur l’homme pour qui il monta une rébellion au Burkina Faso? Ces questions n’ont aucune importance aujourd’hui. Ce qui est important, c’est le fait de savoir que le diable vient pour voler, tuer et détruire, que Jésus l’appelle le “meurtrier, le menteur et le père du mensonge” (Jean 8, 44) et que, pour l’apôtre Jacques, il suscite querelles, disputes et divisions (Jacques 3, 14-16). Certes, on ne peut dire que les Ivoiriens ont toujours vécu en parfaite harmonie entre eux et avec les étrangers ni que toutes les ethnies étaient équitablement traitées et récompensées sous Houphouët et Bédié. Mais qui a imposé la carte de séjour aux étrangers dans notre pays et fait croire au monde entier que les mêmes étrangers étaient maltraités par les Ivoiriens? Avant 1990, les Ivoiriens se regardaient-ils en chiens de faïence? Voyait-on, dans le pays, des gens brûlés ou jetés dans des puits, des opposants emprisonnés pour avoir critiqué le régime, des femmes éventrées, des individus, familles et villages obligés de fuir au Liberia,au Ghana, au Togo, Bénin, Maroc, en Europe ou en Amérique du Nord pour une affaire de contentieux électoral? D’Houphouët à Gbagbo, la Côte d’Ivoire a-t-elle enregistré autant d’exilés et de prisonniers? Avant Dramane, un président ivoirien décréta-t-il un embargo sur les médicaments et la fermeture des banques? Un candidat bombarda-t-il les camps militaires et la résidence du chef de l’État pour avoir perdu les élections? Notre Constitution empêche-t-elle un musulman ou un ressortissant du Nord de briguer la magistrature suprême? Or un individu a utilisé ce mensonge mais aussi les tueries, le braquage des banques et la division pour arriver au pouvoir dans notre pays. Le moment est venu de le stopper et de le ramener d’où il est venu. La CNC peut remplir cette mission à condition qu’elle parle d’une seule et même voix, à condition qu’elle ne fasse pas “un pas en avant, deux pas en arrière” (Lénine), à condition que chacun de ses dirigeants mette l’intérêt général (chasser Dramane) au-dessus de ses petites ambitions personnelles. Car la priorité, pour l’heure, n’est pas que X ou Y se déclare candidat ni qu’il sillonne l’Europe et l’Amérique du Nord mais que, tous, nous nous mettions ensemble sur le terrain, à travers des marches éclatées et des opérations “villes mortes”, pour dégager l’imposteur, celui qui a fait tuer de nombreux Ivoiriens après les avoir divisés.

Une contribution de Coulibaly Ngolo Léandre
BP 283 Odienné

 

Publicité
Commentaires
Lavane Murphy
Publicité
Newsletter
5 abonnés
Publicité